Le nombre d’or, les pouces et les centimètres : quel rectangle pour quelle lecture ?

La lecture de l’ouvrage de référence sur la typographie de Jan Tschichold ne cesse de me passionner. Cette semaine, le chapitre des règles fixant les proportions de la page du livre et du bloc de composition m’a demandé plusieurs séances de lecture, double décimètre et calculatrice  en main, afin de mieux comprendre le schéma du canon secret des manuscrits du Moyen Age.
Petit résumé  :
–          Le nombre d’or est le résultat de l’équation  x² = x + 1.
Il vaut exactement  : ( 1+√5) /2  = 1,618. Son approximation est aussi la proportion 5 : 8
–          Les proportions 1,1618, 1/√2, 1/√3, 1/√5 ,  1 :1,538 (rectangle dérivé du pentagone), mais aussi les proportions simples rationnelles 1 : 2, 2 : 3, 5 : 8, 5 : 9 sont considérées par Jan Tschichold comme des rapports non hasardeux et qui ont donc un meilleur rendu pour le lecteur. « Il n’est pas explicable mais avéré, que l’être humain trouve des surfaces aux proportions vraiment géométriques, intentionnelles, plus agréables ou plus belles que celles définies par des proportions de hasard. Un format laid donne un livre laid. »
–          Le format A4 bien connu est défini par les rapports 21 cm sur 29,7 cm soit un rapport qui vaut 1/√2. Le choix international de cette proportion s’explique par le fait que  la surface d’une feuille A4 est l’exacte moitié d’une feuille A3 etc  Les formats in-folio,  in-octavo, in-quatro, in-duodecimo du XVIIème et XVIIIème siècle suivent la même logique : il s’agit d’une forme de livre où la feuille imprimée a été pliée deux fois donnant ainsi quatre feuillets soit huit pages. L’in-quarto est plus ou moins grand, selon l’étendue de la feuille de départ.
L’Amérique du Nord fait exception dans l’adoption internationale de la norme ISO A4 et préfère les pouces et le format US letter (8 1/2 pouces × 11 pouces soit 21,6 cm × 28 cm). Autre complexité, pour les écrans et les tablettes, c’est la mesure de la diagonale qui est affichée. On peut la convertir en centimètres (1 pouce = 2,54 cm ), mais elle ne donne pas d’indication sur la taille en centimètres hauteur × largeur. Ces dimensions hauteur et largeur sont rarement indiquées dans les comparatifs des tablettes et des écrans, comme si il était entendu que nous visualisions tous très bien ce qu’un écran 9’’, 10’’, 15’’ représentait !
L’iPad mesure 19 x 24 cm soit 10 pouces
Le Galaxy Tab mesure 19 x 12 cm soit 7 pouces
Pour revenir à Jan Tschichold et ses enseignements typographiques, une autre considération doit être prise en compte : les différents formats correspondent à différents usages.
 « On ne peut pas employer une seule et unique proportion, que ce soit 1 : 3, 1 : 1,414 ou 3 : 4, ou n’importe quelle autre proportion claire, pour toute sorte de livres. C’est l’usage auquel le livre est destiné qui détermine non seulement sa grandeur, mais aussi la proportion des pages. Ainsi, la proportion large de 3 :  4 est très bien indiquée pour les in-quatro, parce que l’on pose ces livres sur la table. Mais, un livre de poche de proportion 3 : 4 est aussi laid que peu maniable. »
Inconsciemment, la taille et le prix du livre se sont intimement imposés à nous. Un beau livre a des mesures supérieures à 20  centimètres en hauteur et largeur, il pèse lourd et coûte environ  à 25 euros ; un grand format de 20 euros mesure par exemple 15 X 21 centimètres, un livre de poche à 7 euros mesure entre 10 à 12 centimètres en largueur  entre 16 et 21 centimètres en hauteur.
Sur tablette, on peut ajuster la taille des caractères, passer du format à la française au format à l’italienne en un clin d’œil, zoomer, compléter sa lecture par des vidéos ou des sons ; ces éléments peuvent justifier une différence de prix, par rapport à un texte en noir et blanc basique, mais il faudra un peu de temps pour que le prix psychologique s’impose et qu’une définition du beau livre numérique soit trouvée.

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